Tribunes

Tribune : “1er Mai en Guinée, entre douleur des ombres et résilience des invisibles” Par Facely Sanoh!

 

Ce 1er Mai, tandis que le monde célèbre la dignité du travail, la Guinée, elle, étouffe sous le poids de ses paradoxes. Derrière les discours officiels et les défilés protocolaires, une autre réalité gémit : celle des mains vides, des rêves confisqués, des micros éteints. En cette journée internationale des travailleurs, comment ne pas penser à ces héros de l’ombre, ces journalistes réduits au silence par des fermetures arbitraires ? Hadafo Médias, Djoma Médias, Fréquences Médias… Autant de noms devenus symboles d’une injustice qui persiste.

Pères et mères de famille condamnés à l’errance, jeunes diplômés ensevelis sous les dettes, professionnels contraints de mendier des quotidiens sans salaire ni contrat… Voilà le visage cru d’une Guinée où le travail se mue trop souvent en mirage. Ces guerriers de l’information, hier encore porteurs de vérité, survivent aujourd’hui à la merci d’un système qui les a sacrifiés sur l’autel de l’arbitraire. Leur crime ? Avoir cru à la noblesse d’un métier.

Certes, des efforts émergent. Les autorités de transition esquissent des pistes pour l’employabilité. Mais le chantier reste titanesque. Comment reconstruire quand les fondations sont fissurées par des années de précarité organisée ? Comment célébrer le travail quand des milliers de Guinéens, diplômes en main, se heurtent chaque jour au mur du chômage ?

Pourtant, malgré l’adversité, une lueur persiste. Elle brille dans le regard de ces journalistes qui, privés de tout, continuent à incarner l’éthique. À ceux-là, je dis : votre combat est celui des phares dans la tempête. Vous êtes les patriotes silencieux d’une nation qui tarde à vous rendre hommage. Et à vos côtés, tous ces travailleurs fantômes, ces chômeurs malgré eux, méritent plus qu’une journée symbolique – ils exigent une justice sociale.

La vérité est amère : en Guinée, on célèbre le travail là où il se meurt. Des rédactions aux champs, des bureaux aux usines, des milliers s’épuisent sans reconnaissance, sans protection, sans avenir. Cette journée du 1er Mai sonne comme un rappel cruel : notre société ne sera digne que lorsqu’elle honorera ceux qui la font vivre, au lieu de les contraindre à survivre.

Bonne fête, donc, aux travailleurs visibles et invisibles. Aux oubliés comme aux résistants.

L’histoire, un jour, rendra justice.

Facely enquêteur Sanoh, journaliste agricole!

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