Kankan : Les apprenants du CMI Guinée crient à l’arnaque et entrent en grève

À Kankan, la tension est montée d’un cran ce jeudi 24 avril 2025 au siège du Centre des Métiers Industriels de Guinée (CMI Guinée). Plusieurs dizaines d’apprenants ont entamé une grève pour dénoncer ce qu’ils qualifient d’arnaque de la part de cette entreprise spécialisée dans la formation à la conduite d’engins lourds.
Réunis devant les locaux du centre situés dans le quartier Cimenterie, ces jeunes en colère pointent du doigt des promesses non tenues, des conditions de formation jugées « inhumaines » et un manque criant de moyens pédagogiques.
« On nous a menti »
Pour les grévistes, le contenu des formations proposées par le CMI Guinée est très loin de ce qui leur avait été présenté au départ. Amadou Sagno, un migrant récemment rentré d’Algérie, dénonce une supercherie.
« On nous avait dit que toutes les machines étaient disponibles. C’est faux. Les équipements sont obsolètes, certains ne fonctionnent même pas. Nous sommes ici depuis des mois sans véritable formation. C’est une escroquerie pure et simple », affirme-t-il.
Le jeune homme raconte qu’à son retour au pays, il avait placé tous ses espoirs dans cette formation censée lui offrir une nouvelle chance. Aujourd’hui, il dit se sentir trahi.
« Nous avons payé des millions de francs guinéens pour se retrouver abandonnés. À Conakry, le centre est bien équipé. À Kankan, on nous envoie les vieilles machines. »
Des sacrifices financiers pour rien ?
Aboubacar Sidiki Konaté, un autre grévistes venu de N’zérékoré, partage la même frustration. Arrivé au centre en décembre 2024, il dit avoir déboursé près de 10 millions GNF pour suivre une double formation, incluant la conduite de pelle et de chargeur.
« On nous a promis une formation de qualité, avec la possibilité d’intégrer les mines ensuite. Mais depuis que nous avons fini la partie théorique, plus rien ne suit. Pas de formateur attitré, pas de machines pour pratiquer. On nous fait perdre notre temps. »
Selon lui, certains stagiaires ont déboursé jusqu’à 12 millions GNF, sans jamais voir l’ombre d’un engin. « Même les documents administratifs comme les diplômes ou attestations tardent à être délivrés. »
Un appel aux autorités
Face à cette situation, les apprenants demandent l’intervention urgente du gouvernement, en particulier celle du président de la République, Mamadi Doumbouya. Beaucoup espéraient que cette initiative participe à la formation des jeunes pour répondre aux besoins du marché minier, notamment avec le projet Simandou.
« Nous avons cru à ce projet parce que nous croyons en notre président. Mais aujourd’hui, on se sent abandonnés. Nous demandons juste justice », lance Konaté.
Les protestataires précisent qu’ils ne sont pas dans une logique de violence, mais exigent des réponses claires. Ils souhaitent notamment une vérification des équipements promis, le respect des délais de formation et un encadrement sérieux.
Silence du CMI Guinée
Contactés à plusieurs reprises, les responsables du CMI Guinée sont restés injoignables au moment où nous mettions cet article en ligne. Selon nos informations, les autorités locales ont été saisies et pourraient se pencher rapidement sur cette affaire.
Les apprenants, quant à eux, restent fermes : ils ne reprendront pas les cours tant qu’aucune solution concrète ne sera apportée.
Affaire à suivre…
Djamanainfo