Kankan : « Supprimer le CEE, c’est envoyer au collège des enfants qui ne savent ni lire ni écrire », prévient Abou Camara du SNE

Le projet de suppression du Certificat d’Études Élémentaires (CEE), aussi appelé examen d’entrée en 7ᵉ année, continue de faire réagir les acteurs du système éducatif guinéen. À Kankan, Abou Camara, premier secrétaire général adjoint chargé des affaires internes du Syndicat National de l’Éducation (SNE), s’est prononcé sur la question dans un entretien exclusif accordé à notre rédaction ce mercredi 9 juillet 2025.
Favorable sur le principe, il estime que les conditions actuelles ne permettent pas une telle réforme sans conséquences graves.
<<Nous sommes pour la suppression du CEE, car il consomme 45 % du budget des examens alors qu’aucun emploi ne demande ce diplôme. Le supprimer permettrait à l’État de réduire ses dépenses. Mais le moment est mal choisi, les conditions ne sont pas réunies >>, a-t-il expliqué.
Une réforme risquée sans garanties de qualité
Le syndicaliste alerte sur les risques que comporte cette mesure pour la qualité de l’enseignement, surtout au niveau du collège.
<< Si on supprime le CEE, les enfants seront admis au collège sur la base de simples évaluations scolaires. Et aujourd’hui, ces évaluations sont souvent bâclées, sans rigueur. Résultat : des élèves qui ne savent ni lire, ni écrire, ni compter passeront massivement en 7ᵉ année >>, a-t-il averti, citant son secrétaire général Pépé Balamou.
Selon lui, le CEE constitue un filtre minimal garantissant un certain niveau pour accéder au secondaire. Le retirer sans alternative fiable reviendrait, dit-il, à aggraver la baisse du niveau scolaire.
Des préalables indispensables
Pour éviter un effondrement de la qualité éducative, Abou Camara propose plusieurs conditions à remplir avant toute suppression du CEE :
<< Il faut d’abord construire de nouvelles infrastructures scolaires, et surtout renforcer les capacités des enseignants, notamment au primaire. Une bonne formation permettra un meilleur apprentissage et des élèves de qualité >>, souligne-t-il.
Alors que le débat reste ouvert, cette prise de position met en lumière l’urgence de réformes structurelles avant toute décision d’envergure dans le secteur éducatif guinéen.
Saliou Cissé pour djamanainfo
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