Mali : Assimi Goïta ouvre la voie à une présidence illimitée avec l’adoption d’une nouvelle charte

Bamako, 3 juillet 2025 – Le Conseil national de transition (CNT) du Mali a adopté, ce jeudi, une réforme majeure de la Charte de la transition, permettant au président de transition, le général Assimi Goïta, de se maintenir au pouvoir pour une durée indéfinie. Le texte, voté à l’unanimité avec 131 voix pour, officialise une transition de cinq ans renouvelable sans limitation et autorise également le chef de l’État à se porter candidat à de futures élections.
La réforme marque une étape décisive dans la consolidation du pouvoir militaire au Mali. Selon le communiqué du CNT, cette prorogation de la transition a pour objectif de permettre la « pacification complète du territoire », préalable indispensable à l’organisation d’élections jugées crédibles par le pouvoir en place.
Une transition sans échéance
Le texte supprime les références à l’Accord de paix d’Alger de 2015 et au protocole de la CEDEAO, que les autorités maliennes ont dénoncé comme obsolètes. La transition, initialement temporaire, s’enracine ainsi durablement, dans un contexte d’instabilité sécuritaire et de retrait progressif des partenaires internationaux.
Une décision controversée
Cette décision suscite de vives critiques au sein de la société civile et de l’opposition politique. Plusieurs figures pro-démocratie dénoncent une « dérive autoritaire » et un « hold-up juridique ». Un ancien ministre résume l’amertume générale : « Tout le monde peut se présenter à des élections… qui ne sont pas à l’ordre du jour. C’est un faux débat. »
Malgré les critiques, le régime militaire semble déterminé à poursuivre sur cette voie. Un ancien dirigeant politique dissous par le régime affirme : « Ce pouvoir cherche à légaliser une confiscation du pouvoir sous couvert de légitimité transitoire. »
Des appels à la résistance
Des militants et anciens responsables politiques appellent à la résistance, mais reconnaissent que toute opposition risque aujourd’hui la répression. « Le régime est prêt à écraser toute contradiction », déclare une source proche de l’opposition.
Ce virage institutionnel intervient dans un contexte d’insécurité persistante, marqué par de récentes attaques jihadistes et une situation humanitaire préoccupante. Pendant ce temps, les priorités du pouvoir semblent tourner autour du renforcement de son emprise politique.
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