Karifamoriah : les habitants dénoncent l’abandon du projet de centrale solaire et exigent des comptes

Un an après le lancement officiel du projet de centrale solaire de 35 mégawatts sur 43 hectares à Karifamoriah, dans la préfecture de Kankan, la population locale exprime colère, déception et inquiétude face à l’absence d’avancement des travaux et aux conséquences déjà visibles sur leur quotidien.
Réunis ce jeudi 31 juillet 2025 lors d’une rencontre avec les représentants de la société en charge du projet et une délégation associée à la CEDEAO, les habitants n’ont pas mâché leurs mots.
« Rien vu, rien entendu » : les sages en colère
Prenant la parole au nom des sages, Elhadj Sanassy Kaba a dénoncé un silence incompréhensible autour du projet, pourtant lancé avec faste en août 2024 :
« Nous étions complètement découragés parce que ce qu’ils nous ont dit et ce qu’il en est aujourd’hui ne sont pas les mêmes. Le projet a duré presque ou plus d’une année, on n’a rien vu, rien entendu. Aucune raison ne nous a été notifiée quant au retard. »
Il a appelé la communauté à observer une pause de réflexion avant toute nouvelle décision.
Plantations détruites, aucune indemnisation versée
Pour Djalama Mady Kaba, l’amertume est encore plus profonde. Il déplore avoir perdu plusieurs hectares de manguiers, sans aucune information préalable ni compensation :
« En délimitant le site, ils ont arraché nos manguiers sans nous prévenir. J’ai surpris la machine sur mon terrain. J’ai même menacé de la brûler. Ils ont fait venir le gouverneur pour nous intimider. Depuis, aucun franc d’indemnisation. Plus de 4 hectares chez moi, 3 hectares chez mon oncle… Et ces plantations datent de 1975. »
Il affirme avoir saisi les autorités locales sans obtenir de réponse concrète.
Impacts environnementaux inquiétants avant même le début des travaux
Autre source de préoccupation : les dégâts déjà observés suite au terrassement du site. Ousmane Kaba, président du district 3, alerte sur les conséquences environnementales :
« Le site abritait des retenues d’eau. Depuis le terrassement, on enregistre des dégâts liés à l’eau dans plusieurs familles. Le projet n’a même pas démarré, et les populations commencent déjà à souffrir. »
Il réclame des garanties claires sur les indemnisations à venir et une réelle prise en compte des préoccupations environnementales de l’ensemble des cinq districts de Karifamoriah.
En attendant des gestes concrets, la communauté de Karifamoriah, autrefois pleine d’espoir, se sent aujourd’hui ignorée et lésée.
Saliou Cissé djamanainfo.com
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